
Bien que n'étant responsable que d’une fraction minime de la production mondiale de plastique, le continent en paie le plus lourd tribut : cours d’eau souillés, sols dégradés, déchets omniprésents, sans parler des conséquences sanitaires. Cette situation alarmante renforce la volonté des États africains d’infléchir le cours des discussions.
« L’Afrique ne veut pas être la décharge du monde », a martelé la ministre ghanéenne de l’Environnement, Cecilia Abena Dapaah, appelant à un pacte mondial juste, protecteur et durable.
Un front africain solidaire et stratégique
Face aux grandes puissances industrielles, les délégations africaines se montrent solidaires et stratégiques. En coordination avec des États d’Asie et d’Amérique latine, elles exigent que le futur traité ne se limite pas à une simple gestion des déchets. La priorité est claire : réduire la production de plastique à la source, en mettant fin à l’hégémonie des multinationales du secteur.
Certains pays comme le Rwanda, le Kenya, le Maroc ou l’Afrique du Sud sont régulièrement cités en exemple pour leurs politiques avant-gardistes : interdiction des plastiques à usage unique, fiscalité verte, soutien à l’innovation écologique.
La Côte d’Ivoire mise sur l’économie circulaire
Parmi les délégations les plus actives, la Côte d’Ivoire entend jouer sa partition avec pragmatisme. Précurseur en Afrique de l’Ouest, le pays a interdit dès 2014 les sachets plastiques non biodégradables. Aujourd’hui, Abidjan prône une transition vers une économie circulaire, fondée sur la collecte, la transformation et la valorisation du plastique.
« Le plastique n’est pas qu’un problème : bien géré, il peut devenir une ressource », a souligné un représentant ivoirien, plaidant pour des investissements massifs dans les filières locales.
Le pays met en avant des initiatives telles que la fabrication de pavés en plastique recyclé, les campagnes de sensibilisation en milieu scolaire, ou encore l’appui aux start-ups vertes. Il milite aussi pour l’instauration d’un fonds international de soutien aux pays en développement, afin de renforcer leurs capacités techniques et financières.
Un tournant pour la gouvernance écologique mondiale
Jusqu’au 9 août, les négociateurs doivent élaborer un texte préliminaire qui servira de base à l’adoption d’un traité prévu en 2026. L’enjeu pour l’Afrique est colossal : s’assurer que ses priorités soient entendues, que ses solutions soient reconnues, et que sa voix compte dans la gouvernance écologique mondiale.
Le sommet de Genève pourrait ainsi marquer un tournant. Celui d’un continent qui, loin de rester spectateur, entend désormais construire l’avenir avec ses propres clés : responsabilité partagée, justice environnementale et innovation locale.