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Amélioration de l'éducation nationale : Un expert fait des propositions

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Dans une note transmise au média lavenir.ci, le lundi 28 juillet 2025, l’expert en politiques éducatives Diornité Poda dresse un diagnostic alarmant du système éducatif ivoirien et formule des propositions concrètes pour relever le niveau de l’enseignement et protéger les élèves les plus vulnérables.

Fort de plus d’une décennie d’expérience dans le domaine, Diornité Poda alerte en priorité sur la recrudescence des grossesses précoces en milieu scolaire, notamment dans les zones rurales et périurbaines. « On voit désormais des cas dès 11 ou 12 ans. Cela traduit une précocité alarmante et une banalisation du phénomène dans certains établissements », affirme-t-il.

Ce fléau, selon lui, s’explique par un affaiblissement des structures familiales et communautaires, une pauvreté persistante, l’impact non régulé des réseaux sociaux et l’absence d’une éducation sexuelle complète adaptée à l’environnement culturel local.

Mais au-delà des causes, les conséquences sont tout aussi préoccupantes : déscolarisation, stigmatisation, rupture de parcours éducatif, perte d’estime de soi… et seulement un quart des jeunes filles mères réussissent à réintégrer le système scolaire. Un taux jugé "inacceptable" par l’expert, qui y voit un facteur direct de reproduction de la pauvreté.

En parallèle, Diornité Poda souligne les failles structurelles du système éducatif. Si les résultats au CEPE témoignent d’un léger progrès, ceux du BEPC et du BAC stagnent autour de 50 % et 45 % respectivement. Pour lui, cela reflète une grave inégalité dans la qualité de l’enseignement secondaire, accentuée par des classes surchargées, un programme trop théorique, et un manque de formation continue des enseignants.

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« Le diplôme existe encore, mais il ne garantit plus les acquis. C’est une alerte rouge pour la crédibilité du système », prévient-il, évoquant les conséquences dramatiques d’un diplôme vidé de sa valeur : chômage déguisé, économie informelle florissante, exode rural et tentations d’émigration clandestine.

Face à ce tableau sombre, l’expert plaide pour une réforme en profondeur, avec une approche multisectorielle intégrée. Ses propositions incluent :

Une refonte des curricula centrée sur les compétences essentielles ; La généralisation de l’éducation sexuelle complète et contextualisée ; La création d’infirmeries scolaires équipées et de personnel formé ; Des programmes d’autonomisation des filles dès le collège ; Une implication renforcée des familles, des chefs traditionnels et des leaders religieux dans l’éducation.

Pour conclure, Diornité Poda lance un appel à la responsabilité collective : « La Côte d’Ivoire doit investir avec rigueur et lucidité dans l’éducation de sa jeunesse. Sinon, elle continuera à produire des cohortes de jeunes vulnérables et marginalisés. L’éducation est notre levier de transformation sociale. Il est temps d’agir. »

Un signal fort que les décideurs politiques ne sauraient ignorer.