
Une intervention dense et rigoureuse qui intervient dans un climat tendu, marqué par l’affaire dite Bessikoi - Djorogobité 2. Ce scandale, révélé en février 2025, a mis en lumière les dérives et les failles d’un système foncier fragilisé par des pratiques contestables.
Une affaire révélatrice d’un système dysfonctionnel
Tout commence par une vidéo virale dénonçant la spoliation d’un terrain à Bessikoi. Selon Bruno Koné, ce cas où un opérateur privé aurait obtenu 272 lots dans des conditions douteuses illustre un problème plus profond : un système marqué par l’anarchie, des interférences coutumières mal encadrées et une traçabilité insuffisante des transactions.
Le ministre a également mis en avant les conflits de compétence entre les chefferies locales, notamment à Abobo-Baoulé et Djorogobité 2, entraînant des attributions foncières contradictoires. Tout en saluant l’initiative d’enquêtes parlementaires, notamment celles du député-journaliste Assalé Tiémoko, Bruno Koné a insisté sur la nécessité d’une réponse rapide, méthodique et transparente. Ainsi, une mission d’audit interne a été immédiatement déclenchée et les dossiers litigieux ont été gelés, garantissant une meilleure clarté dans la gestion foncière. « Nous avons agi sans attendre l'émotion publique, dans le respect du droit et de la transparence », a affirmé Bruno Koné.
Des mesures fortes pour restaurer la confiance
Au-delà de cette affaire spécifique, le ministre n’a pas hésité à dresser un constat sans langue de bois sur les faiblesses du foncier ivoirien : absence d’archivage numérique, dualité entre droit coutumier et droit moderne, multiplication d’acteurs sans contrôle, et croissance urbaine rapide.
Depuis 2019, plusieurs réformes ont été mises en place pour remédier à ces lacunes. Parmi elles : L’adoption du Code de l’Urbanisme et du Domaine Foncier Urbain en 2020 ; La création du Système Intégré de Gestion du Foncier Urbain (SIGFU) pour assurer la traçabilité et la transparence des transactions ; L’instauration de l’Attestation de Droit d’Usage Coutumier (ADU), désormais seul document valide attestant d’un droit coutumier.
Avec ces réformes, le gouvernement espère mettre fin aux pratiques frauduleuses et instaurer une sécurité foncière durable. << L'ADU vient mettre fin aux attributions multiples et désordonnées. Elle protège les droits des communautés tout en sécurisant les transactions pour les acquéreurs », a insisté le ministre, soulignant le consensus trouvé avec les chefs traditionnels sur cette réforme. En revanche, sont désormais irrecevables Les attestations postérieures au 31 décembre 2024.
Un appel à la vigilance et à la responsabilité citoyenne
Face aux critiques sur l’insécurité foncière croissante, Bruno Koné a tenu à rassurer : « Le niveau de sécurité foncière n’a jamais été aussi élevé qu’aujourd’hui en Côte d’Ivoire. » Toutefois, il a rappelé l’importance pour les citoyens d’être plus vigilants dans leurs transactions, insistant sur le fait que les acheteurs de bonne foi doivent avant tout se tourner vers les vendeurs frauduleux, et non uniquement vers l’administration.
Au terme, le ministre a affirmé sa volonté de poursuivre les réformes avec rigueur et pédagogie, afin que le foncier urbain devienne un pilier de stabilité et de développement, et non un facteur d’injustice ou de prédation. << Le foncier urbain ne doit plus jamais être un facteur d'injustice ou de prédation. Il doit devenir un pilier de stabilité et de développement ",, a laissé entendre.