
Dans ce titre, l’artiste, de son vrai nom Rahim Bakayoko, déclare : « J'ai bien envie de voir le premier de ma classe pour savoir s'il a les mêmes bolides que moi, s'il fait plus de cash que moi… ». Si certains y voient une simple punchline musicale, Boris Anselme Takoué y lit un message potentiellement dévalorisant pour les élèves et étudiants encore sur les bancs de l’école.
Dans sa lettre publiée sur ses réseaux sociaux, l’écrivain se veut à la fois respectueux et ferme. Il commence par saluer le parcours et le succès de Himra, reconnaissant qu’il « a le vent en poupe » et qu’il fait partie des jeunes figures montantes de la musique ivoirienne et africaine. Mais rapidement, le ton se veut plus engagé : « Non ! L’école n’est pas inutile ! Et ceux qui y sont ne perdent pas leur temps. »
Boris Anselme Takoué rappelle que l’école reste « un lieu de socialisation et de formation aux valeurs » et qu’elle ne se mesure pas uniquement en revenus financiers. Selon lui, même si la musique est un chemin de réussite, elle ne doit pas être présentée comme la seule voie possible ni comme un refuge pour ceux qui échoueraient ailleurs.
L’écrivain prévient également Himra sur la portée de ses propos : ses mots peuvent influencer des milliers de jeunes, dont certains interrompent leurs études pour assister à ses concerts par admiration. Il l’invite à réfléchir à l’image qu’il renvoie, citant l’exemple de rappeurs instruits comme Grand Corps Malade et Youssoupha, qui utilisent leur art pour transmettre des messages constructifs et éducatifs.
Takoué va plus loin en soulignant que la réussite d’un artiste ne s’oppose pas à l’instruction, et que de nombreux talents allient carrière artistique et formation académique. Il met en garde contre les comparaisons inutiles et rappelle que chaque individu a son propre destin à tracer : « Le monde de la musique a connu et connaît des rappeurs instruits qui pensent et pansent les plaies de notre monde en chantant. »
La lettre, ponctuée d’exhortations à la prudence et au sens des responsabilités, se termine par un souhait de succès à Himra, tout en lui rappelant que la discipline et le respect des valeurs sont essentiels, même dans un milieu aussi libre que celui de la musique.
Depuis sa publication, ce texte fait réagir sur la toile. Les internautes se divisent entre ceux qui défendent la liberté artistique et ceux qui soutiennent la nécessité pour les figures publiques de tenir un discours exemplaire, surtout vis-à-vis de la jeunesse. Une chose est certaine : cette interpellation publique ne laissera pas indifférent les fans du "Chetté".