Économie

Filière escargot en péril à Taï : Une richesse en voie d’extinction !

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Autrefois abondants dans les forêts luxuriantes du département de Taï, les escargots, prisés pour leur valeur nutritionnelle et économique, se raréfient à un rythme inquiétant.

C’est le constat alarmant dressé par Fabrice Bronha, chef du service départemental des Ressources animales et halieutiques, lors d’un entretien accordé au confrère de l’Agence Ivoirienne de Presse (AIP).

La filière escargot, bien que réputée dans la région, est aujourd’hui menacée par une double problématique : la surexploitation des ressources naturelles et l’absence d’alternatives durables comme l’élevage. « Le potentiel de production est énorme, mais totalement inexploité », déplore M. Bronha.

Selon les acteurs de la filière – collecteurs, commerçantes et services techniques du MIRAH – la prolifération de pesticides toxiques et non homologués est la principale cause de cette raréfaction. Utilisés de manière abusive dans les champs et les jachères, ces produits détruisent les œufs et les jeunes escargots, perturbant tout le cycle de reproduction.

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À cela s’ajoute une collecte anarchique de l’espèce, effectuée sans tenir compte de sa maturité biologique. Résultat : la qualité de la ressource chute, et les escargots commercialisés sont de plus en plus petits, donc moins rentables.

« Aujourd’hui, sauf dans certaines zones comme Ponan, Daobly et Gouleako, ou dans les forêts du Libéria voisin, on ne trouve presque plus de gros escargots », témoigne Viviane Dion, commerçante spécialisée depuis plus de 10 ans. Malgré tout, la demande reste croissante sur les marchés d’Abidjan et de l’intérieur du pays.

Un potentiel inexploité

Fait étonnant : alors même que les conditions climatiques de Taï sont idéales pour l’élevage d’escargots, aucune ferme spécialisée n’a encore vu le jour. Le département compte 78 unités d’élevage répertoriées, mais aucune n’est dédiée à cette filière. La production locale reste concentrée sur les volailles, bovins, porcs, caprins et poissons.

Les obstacles sont surtout d’ordre socioculturel, selon M. Bronha, et ne relèvent ni d’un manque de savoir-faire, ni d’une absence de ressources techniques. « Nous disposons de l’encadrement nécessaire pour accompagner les initiatives, mais il faut désormais une stratégie volontariste », insiste-t-il.

Un appel à l’action

Les professionnels de la filière lancent donc un appel aux autorités et aux partenaires au développement : mettre en place une politique d’accompagnement, avec financement, sensibilisation et formation, pour encourager la transition vers l’élevage d’escargots.

Dans un département où l’agriculture peine de plus en plus à absorber la population active, l’escargoticulture apparaît comme une opportunité économique porteuse, capable de revitaliser une filière en danger tout en valorisant les savoir-faire locaux.