Culture

Patrimoine immatériel de l’UNESCO : L’Abissa de Grand-Bassam bientôt inscrit

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La ministre de de la Culture et de la Francophonie, Françoise Remarck, a annoncé le jeudi 15 mai 2025 à Grand-Bassam, en marge de l’inauguration de la Maison de l’art, l’inscription très prochaine de l’Abissa de Grand Bassam sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

Après l’inscription du Zaouli en 2017, les huit mosquées ivoiriennes de style soudanais le 21 juillet 2021, les savoir-faire traditionnels liés au tissage du pagne en Côte d'Ivoire le 21 décembre 2023, les savoir-faire liés à la fabrication de l'Attiéké le 05 décembre 2024 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, ce sera bientôt le tour de l’Abissa de Grand-Bassam de figurer sur cette Liste, à en croire la ministre de la Culture et de la Francophonie, Françoise Remarck. Une démarche qui, selon elle vise à écrire pour la Côte d’Ivoire une nouvelle page de son histoire culturelle  et touristique.

Ecrire une nouvelle page de l’histoire culturelle et touristique de la Côte d’Ivoire

L’ambition de la ministre de la Culture et de la Francophonie, Françoise Remarck, étant de positionner la Côte d’Ivoire comme le hub des Industries culturelles et créatives (ICC), elle multiplie les offensives diplomatiques et culturelles afin de faire rayonner le pays au niveau international. Une vision impulsée par le président de la République, Alassane Ouattara, qui d’ailleurs a inscrit la culture comme secteur prioritaire au Plan national de développement (PND) 2021-2025.

A travers cette directive de l’exécutif, la ministre Françoise Remarck est convaincue qu’il faut très vite imprimer a la Côte d’Ivoire une page de son histoire culturelle et touristique. Toute chose qui s’est démontré récemment avec l’inauguration de la Maison de l’art qui permettra de renforcer l'attractivité culturelle et touristique de la ville Historique de Grand-Bassam et plus largement, de la Région du Sud - Comoé au bénéfice des communautés locales. Dans cette dynamique, la ministre de la Culture et de la Francophonie a révélé que les perspectives étaient bonnes avec notamment l’organisation très bientôt avec des partenaires, locaux et internationaux, de la table ronde des bailleurs de l’UNESCO.

De cette bonne collaboration avec l’organisme des Nations-Unies, pourrait selon elle aboutir très bientôt les démarches pour l’inscription de l’Abissa sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO. « D’autres biens cultuels devraient d’ailleurs être inscrits dont l’Abissa des N’Zimas Kotoko au patrimoine immatériel de l’UNESCO », avait-elle annoncé ajoutant que cette inscription permettra à la ville historique de Grand-Bassam de devenir un véritable hub culturel pour la Côte d’Ivoire et la sous-région. « La célébration de l’Abissa, enrichie par la présence d’artistes, de stylistes et la mise en valeur des savoir-faire locaux en matière de céramique, tissage, vannerie, bronze ou sculpture, mérite de figurer au patrimoine immatériel de l’UNESCO. Avec la Maison de l’art, Grand-Bassam pourra devenir un véritable hub culturel pour la Côte d’Ivoire et la sous-région », a-t-elle affirmé.

Plusieurs autres biens culturels sur la voie de l’inscription

En dehors de l’Abissa, plusieurs autres biens culturels de la Côte d’Ivoire pourraient se voir inscrits sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO. « La Côte d’Ivoire est un véritable trésor culturel, riche d’un patrimoine immatériel diversifié et profondément enraciné dans les traditions de ses différentes communautés », souligne Maïmouna Camara, Spécialiste Programme Culture au Bureau UNESCO Abidjan. Ainsi, peut-on citer entre le Tohorou, le Gbégbé (en pays Bété), le Tchologo et le Poro (en pays sénoufo), les fêtes des ignames, le Tambour Parleur en pays Akan, le Fatchuè (Akan lagunaire), le Kroubi (Région du Zanzan)…. Des savoir-faire qui témoignent de la diversité et de la vitalité des traditions ivoiriennes qui méritent d’être renforcés, sauvegardés et mieux valorisés et promus.  

Ce que gagne la Côte d’Ivoire à travers ces inscriptions

L’inscription d’un bien culturel ou d’un savoir-faire sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO marque une consécration mondiale de ce patrimoine culturel immatériel ou de ce savoir-faire, garantissant une protection accrue et incitant à des efforts de sauvegarde. Cette inscription attire également l’attention sur le riche patrimoine culturel immatériel comme un vecteur de rassemblement de rapprochement de toutes les communautés et comme un secteur économique en croissance. Cela souligne que ce bien ou ce savoir-faire est non seulement comme un élément de la culture, mais aussi comme symbole d’un savoir-faire séculaire à préserver et à transmettre. « L'inscription d’un bien ou d’un savoir-faire au patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO, représente bien plus qu'une simple reconnaissance administrative pour la Côte d'Ivoire. Cette inscription offre au pays des avantages multidimensionnels qui touchent l'économie, la culture, la diplomatie, les institutions et le tissu social », souligne Maïmouna Camara.

Pour le cas de l’Abissa de Grand-Bassam, la ministre de la Culture et de la Francophonie apprend que cela pourra permettre à la ville historique, inscrite en 2012, de devenir « un véritable hub culturel pour la Côte d’Ivoire et la sous-région ». Si sur le plan économique, l’inscription génère des ressources, sur le plan culturel, l'inscription protège les techniques traditionnelles face à la mondialisation et encourage la transmission intergénérationnelle des savoir-faire, renforçant l'identité et l'appartenance des jeunes générations. Au niveau diplomatique, elle offre à la Côte d'Ivoire une visibilité internationale prestigieuse.

Au niveau institutionnel, elle contribue à des levées de fonds essentiels pour la promotion, la préservation et la documentation des savoir-faire traditionnels. « L’Etat de Côte d’Ivoire peut faire une demande d’assistance internationale au fonds du patrimoine culturel immatériel.  L’inscription permet le développement de programmes de recherche et de formation qui bénéficient directement aux communautés », explique la spécialiste des Programmes culture du Bureau de l’UNESCO Abidjan. Egalement, cette inscription a une portée sociale plus grande. Elle restaure la fierté nationale, valorise le patrimoine local et reconnaît officiellement la richesse culturelle ivoirienne, en présentant les traditions comme des trésors vivants dignes de respect et de préservation.

Les différentes étapes de l’inscription

L’’inscription d’un bien ou d’un savoir-faire sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO obéît à plusieurs étapes allant de l’identification de l’élément à la préparation du  dossier de candidature en passant par la validation nationale, la soumission et l’examen par les organes de l'UNESCO et la décision finale qui se fait lors de la session annuelle de l’UNESCO qui se tient soit en fin novembre ou début décembre. « Ces inscriptions représentent de véritables compétitions mondiales, c’est des "Coupes du Monde de la culture", et elles permettent à la Côte d’Ivoire de briller sur la scène internationale », souligne Maïmouna Camara.

L’Abissa est une fête populaire ancrée dans la tradition du peuple N’Zima Kotoko. Cette fête aux allures populaires est célébrée tous les ans en octobre, représentant l’entrée dans la nouvelle année, Entre rituels de purification, danses, musique, parures traditionnelles et moments de parole libre entre gouvernants et gouvernés, l’Abissa représente une véritable tribune de cohésion sociale, d’expression de la démocratie de la communauté N’Zima Kotoko.

Philip KLA